Le droit du CSE : comprendre, exercer et faire respecter ses prérogatives
- Cherrier Pierre

- 26 oct.
- 4 min de lecture
Le Comité Social et Économique est une institution représentative du personnel au rôle essentiel. Ses droits sont encadrés par le Code du travail, mais leur application dépend souvent de la capacité des élus à les connaître, les faire vivre et les faire respecter au quotidien.
Voici les points clés à retenir pour exercer pleinement vos missions.

1. Le droit à l’information et à la consultation
Le CSE doit être informé et consulté sur les questions importantes de la vie de l’entreprise.
Ce droit est fondamental : il permet aux élus de donner un avis éclairé avant la prise de décision de l’employeur.
Thèmes de consultation obligatoires :
Orientation stratégique de l’entreprise,
Situation économique et financière,
Politique sociale, emploi et conditions de travail,
Utilisation du télétravail, restructurations, licenciements collectifs, etc.
N’oubliez pas : si les informations transmises sont insuffisantes, le CSE peut saisir le juge pour exiger les documents manquants.
2. Le droit à la réunion
Le CSE se réunit :
Au moins 1 fois tous les 2 mois dans les entreprises de moins de 300 salariés
Au moins 1 fois par mois dans les entreprises de 300 salariés ou plus.
Au moins tous les deux mois dans es entreprises de 11 à 49 salariés.
Des réunions extraordinaires peuvent être demandées par la majorité des élus titulaires, notamment en cas de risque grave, d’accident ou d’événement important.
3. Le droit aux heures de délégation
Chaque élu titulaire dispose d’un crédit d’heures pour exercer ses missions.
Ces heures sont considérées comme du temps de travail effectif et donc rémunérées comme tel.
Elles peuvent être prises librement, dans le respect du fonctionnement du service,
Les élus peuvent aussi mutualiser ou partager une partie de leurs heures,
Les heures utilisées hors temps de travail doivent être rémunérées en heures supplémentaires.
4. Le droit à des moyens matériels et financiers
L’employeur doit fournir au CSE :
Un local aménagé et équipé,
Le matériel nécessaire (ordinateur, imprimante, connexion internet, etc.),
Et verser les deux budgets obligatoires :
le budget de fonctionnement (0,2 % ou 0,22 % de la masse salariale brute selon la taille de l’entreprise),
S'il existe, le budget des activités sociales et culturelles (ASC).
N’oubliez pas : le CSE peut négocier des moyens supplémentaires (logiciels, formation, assistances techniques...) ou, par accord d'entreprise, un budget plus conséquent.
5. Le droit à la santé, sécurité et conditions de travail (SSCT)
Le CSE joue un rôle majeur en matière de prévention des risques professionnels.
Il peut :
Réaliser des inspections régulières,
Diligenter des enquêtes en cas d’accident du travail ou de risque grave,
Déclencher un droit d’alerte en cas de danger grave et imminent,
Être consulté sur l’aménagement des locaux, les horaires, ou les changements d’organisation du travail.
N’oubliez pas : le CSE peut inviter le médecin du travail ou l’inspecteur du travail à certaines réunions pour appuyer ses démarches.
6. Le droit à la communication
Le CSE a toute latitude pour informer les salariés :
Affichage sur les panneaux dédiés,
Courriels, messages ou notes d’information,
Réunions d’échange ou permanences.
N’oubliez pas : Souvent négligée par les élus, une communication claire et régulière renforce la légitimité du CSE.
7. Et si l’employeur ne respecte pas ces droits ?
En cas de non-respect :
Le CSE peut saisir l’inspection du travail ou le tribunal judiciaire,
Et obtenir réparation du préjudice causé par le défaut d’information ou de consultation.
Le droit du CSE ne se limite pas à un cadre légal : c’est un outil d’action et de dialogue.
Plus les élus connaissent leurs prérogatives, plus ils peuvent peser dans la vie de l’entreprise et défendre efficacement les intérêts des salariés.
FAQ – Le droit du CSE

Le CSE peut-il refuser de donner un avis en réunion ?
Oui. Le CSE peut refuser de rendre un avis s’il estime ne pas avoir reçu toutes les informations nécessaires. Dans ce cas, il peut demander un report de la consultation et saisir le tribunal judiciaire si l’employeur persiste à ne pas transmettre les éléments obligatoires.
Que faire si l’employeur ne respecte pas le droit à l’information du CSE ?
Le CSE peut dresser un constat écrit, saisir l’inspection du travail ou le juge. Un défaut d’information-consultation peut entraîner l’annulation d’une décision patronale et donner lieu à des dommages et intérêts pour le CSE.
Les heures de délégation peuvent-elles être prises librement ?
Oui, les élus titulaires gèrent librement leur crédit d’heures, dans la limite du respect du fonctionnement du service. Les élus peuvent mutualiser ou partager une partie de leurs heures entre eux, et les heures prises hors temps de travail doivent être rémunérées en heures supplémentaires.
Le CSE peut-il se faire assister par un expert ?
Oui, dans plusieurs cas prévus par la loi :
Consultation sur la situation économique et financière,
Consultation sur la politique sociale,
Risque grave en matière de santé, sécurité et conditions de travail,
Projet important (restructuration, PSE, etc.).
Les honoraires peuvent être financés par le budget de fonctionnement ou par l’employeur selon la situation.
Que faire si l’employeur refuse une réunion CSE extraordinaire ?
Le CSE peut exiger sa convocation si la majorité des élus titulaires en fait la demande. Le refus injustifié de l’employeur constitue une entrave au fonctionnement du CSE, passible de sanctions pénales (article L.2317-1 du Code du travail).
Le CSE peut-il communiquer librement avec les salariés ?
Oui. Le CSE dispose d’une liberté d’expression interne : il peut afficher, informer et organiser des réunions sans censure préalable. L’employeur ne peut pas contrôler le contenu, sauf en cas de propos diffamatoires ou discriminatoires.
La communication doit rester professionnelle et respectueuse du cadre de travail.
Le CSE a-t-il un droit à la formation ?
Oui.
Les membres titulaires ont droit à une formation économique (5 jours maximum).
Les membres SSCT bénéficient d’une formation santé-sécurité.
Ces formations sont rémunérées et considérées comme du temps de travail effectif.
Comment renforcer les droits du CSE ?
Beaucoup d’aspects sont négociables avec la direction :
Augmentation du crédit d’heures,
Réunions supplémentaires,
Local mieux équipé,
Formations élargies aux suppléants.
Ces améliorations peuvent être inscrites dans le règlement intérieur du CSE.
✦ CPSocial peut vous accompagner pour auditer vos droits, analyser vos moyens et renforcer votre pouvoir d’action.
Contactez-nous pour un diagnostic gratuit de votre fonctionnement CSE.




Commentaires